Dans les années 80, quand débute l'écriture de ce livre, l'atelier est tout jeune. Moi aussi, je n'ai pas encore trente ans.

Je gravais dans une cave voûtée, en pierre, sous la maison. On y rangeait le bois de chauffage et ma table de travail était proche de l'entrée. De petits scorpions noirs, parfois, sortaient du mur. La Provence, belle, bleue, odorante... et piquante. La bohême.

La première presse taille douce, je l'avais achetée chez Sennelier : format timbre poste ! Elle a été bien vite remplacée.
Quatre pots d'encre Charbonnel, quelques raisins de vélin et fais un livre avec ça.

Pour imprimer le texte, je me suis d'abord risqué à réaliser des gravures avec mon écriture inversée. Je ne doutais de rien, tout neuf que j'étais. Je n'en voyais pas le bout: 36 pages, 36 plaques à graver...
Alors, comme à l'école, j'ai repris mon porte-plume, un flacon d'encre, et j'ai couvert de mon écriture les pages des 36 exemplaires des "dames du soir".

Le livre a été achevé en 1982 ou 1983. Je le présentais dans mon atelier provençal. En 1985, une personne de la Bibliothèque Nationale est passé par-là, a feuilleté le manuscrit et a fini par me faire remarquer qu'il serait judicieux que je prenne contact avec la BNF. Ne serait-ce que pour répondre à l'obligation du dépôt légal. Le dépôt légal ? il faut donc, pour publier un livre, faire un dépôt...
Comme le vent, mon seul désir était de glisser des mots et des images sur du papier, sans contrainte. Mais j'apprenais que depuis Fançois 1er, les écrits devaient être en mémoire. Alors, depuis ce jour, je dépose tous mes livres à la BNF.
La mémoire, c'est bien.
J'ai d'abord fait des tirages en noir des 9 gravures. On reparlera de ces tirages dans une autre présentation.
Puis je suis passé à la couleur, avec un encrage à la poupée.

"Les dames du soir", c'est mon premier livre entièrement réalisé à l'atelier. Ce n'est pas ma première publication et on en reparlera à propos des "introuvables".

Extraits :

"A force de leur caresser les seins, les hanches, les fesses avec ma pointe, mon bout de tarlatane et mes encres, les dames du soir me donnent des idées."